26 novembre 2024

La censure politique sur le net

Tout sur les silences du web

Vous êtes ici : Accueil / Birmanie

Birmanie

Nom de domaine : .mm
Population : 51 000 000
Internautes : 93 800
Prix moyen d’une heure de connexion dans un cybercafé : environ 20 cts d’euro
Salaire moyen mensuel : 35 euros
Nombre de fournisseurs d’accès privés : 0
Nombre de fournisseurs d’accès publics : 2
Nombre de blogueurs emprisonnés : 1



Un pays coupé du monde

 

Le taux de pénétration d’Internet ne représente même pas 1% du territoire, selon l’Union internationale des télécommunications. Le débit de connexion reste le plus gros obstacle à l’accès au réseau. Pour l’ensemble du pays, il est à peine supérieur à celui d’une connexion ADSL individuelle en Europe. Télécharger un simple texte peut prendre une heure. Avec moins de deux utilisateurs pour mille habitants, la Birmanie est sans doute l’un des pays les moins bien connectés au monde, d’autant que les fournisseurs d’accès pratiquent des prix dissuasifs sur les abonnements (en moyenne 25 euros par mois). Malgré tout, l’accès à Internet s’est élargi depuis 2003 avec l’ouverture des premiers cybercafés à Rangoon. Aujourd’hui, on en compte plus de 200 dans la capitale.




Une censure politico-militaire

Le Réseau est régulé par le Bureau de la censure militaire et l'Etat contrôle les deux seuls fournisseurs d'accès à Internet (Myanmar Post and Telecomunication et BaganNet). Il bloque l'accès à de nombreux sites d'informations et aux messageries internationales notamment Hotmail.
Depuis 2000, tout contenu politique est officiellement banni du Réseau.
Internet est régi par la loi sur la télévision et la vidéo, instaurée en 1996, qui interdit l’importation, la possession et l’utilisation d’un télécopieur ou d’un modem sans permission officielle, sous peine d’être condamné à quinze ans de prison pour avoir "miné la sécurité de l’Etat, l’unité nationale, la culture, l’économie nationale, la loi et l’ordre".


Block-out pendant la révolution safran

De fin août à mi-octobre 2007, la Birmanie a connu "la révolution safran" : le soulèvement des moines contre les conditions de vie des Birmans, entraînant avec eux des milliers d’habitants dans les rues. le gouvernement a volontairement isolé le pays pour qu’aucun témoignage ne soit communiqué à l’étranger. Du 28 septembre au 16 octobre, les deux fournisseurs d’accès ont coupé les connexions Internet sur ordre de la junte militaire. MPT a tenté de justifier cette coupure par un problème technique sur un câble sous-marin. Durant ces deux semaines de black-out, Internet n’a été accessible que durant quelques heures par jour et tous les cybercafés ont été fermés. Pour les Birmans, les seuls moyens de s’informer étaient alors les télévisions par satellites ou les radios étrangères.



Une censure difficilement contournable

Depuis janvier 2008, les propriétaires de cybercafés doivent conserver les données de leurs clients et les faire parvenir chaque semaine à une unité spéciale de police du Département de l’information. Cette décision officielle a dissuadé certains propriétaires de cybercafés d’installer des logiciels de contournement de la censure sur leurs ordinateurs. En effet, la politique pratiquée dans les cafés Internet est assez différente de celle qu’impose le régime militaire. Il n’est pas rare de trouver des ordinateurs équipés d’un logiciel proxy, qui permet d’accéder à un réseau non filtré. Des propriétaires de cybercafés avouent également ne pas transmettre les données de leurs clients au Département de l’information.

Début février, le Bureau de la censure a ordonné à une dizaine de journaux d’informations de ne plus faire de différence entre la Une de leur édition imprimée et celle de leur site Web. Ils doivent également publier en ligne uniquement ce qui figure dans l’édition papier, sous peine de fermeture du site Internet.


Un blogueur emprisonné

Nay Phone Latt, un blogueur également propriétaire de deux cybercafés à Rangoon, a été arrêté le 29 janvier 2008 pour "atteinte à la sécurité de l’Etat", sans mobile apparent. Il est détenu à la prison d’Insein depuis le 11 février. Il a été inculpé au titre de la loi régulant la télévision et la vidéo pour avoir été en possession d’une vidéo d’une pièce de théâtre traditionnelle birmane, le "A-Nyeint", de la troupe "Thu-Lay-Thi" ("Quatre fruits"). Ses spectacles sont actuellement interdits en Birmanie. Il risque jusqu’à trois ans de prison.