26 novembre 2024

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Cuba

Nom de domaine : .cu
Population : 11 126 700
Internautes : 240 000
Prix moyen d’une heure de connexion dans un cybercafé : 1,20 euro pour le réseau national - 4 euros pour le réseau international.
Salaire moyen : 12 euros
Nombre de fournisseurs d’accès privés : 0
Nombre de fournisseurs d’accès publics : 1
Nombre de blogueurs emprisonnés : 0


 

L'accès privé prohibé

Dès juin 1996, le gouvernement a introduit une loi spécifique à Internet. Le décret-loi 209 "Accès depuis la République de Cuba au réseau informatique global", précise que l’utilisation du Réseau ne peut se faire "en violation des principes moraux de la société cubaine ou des textes de loi du pays" et que les messages électroniques ne doivent pas "compromettre la sécurité nationale". Il précise également que l’accès à Internet est accordé en priorité "aux entités et institutions pouvant contribuer à la vie et au développement de la nation". Les Cubains qui veulent accéder à Internet devant fournir "une raison valable" pour être reliés au Réseau.

Le réseau cubain est l’un des plus pauvres au monde. Dans le centre de La Havane, on ne compte plus qu’un cybercafé disponible. Un "réseau parallèle" est né, qui permet d’avoir accès à une connexion privée via un ordinateur portable en achetant les noms d’utilisateurs et les mots de passe de certains administrateurs autorisés. Mais ce trafic tendrait à disparaître car il ne garantit pas suffisamment l’anonymat et les autorités connaissent les acteurs de ce marché.



 

 

Un réseau indépendant des Etats Unis

Le Réseau est régulé par l’Agence cubaine de supervision et de contrôle, qui dépend du ministère de l’Informatique et des Communications (MIC). Elle gère les licences, les prix et l’accès à Internet sur l’île. La société ETEC SA, établie depuis 1995, est le seul fournisseur d’accès disponible. Afin de s’affranchir de la dépendance américaine, le gouvernement cubain a choisi de bénéficier des services d’entreprises étrangères. Telecom Italia est, par exemple, actionnaire à 29,3% d’ETEC SA. Le gouvernement s’est également tourné vers la Chine qui a récupéré près de 40% du marché, en construisant le câble qui relie l’île d’est en ouest. Elle a également obtenu le chantier du câble sous-marin qui devrait relier Cuba au continent américain via le Venezuela.
 

 

 

Deux réseaux pour un contrôle

Il existe un réseau "national" qui donne accès à une adresse électronique et permet d’envoyer des e-mails à l’étranger, mais pas de surfer sur Internet. Le régime s’assure qu’aucun "message subversif" n’est transmis. La police cubaine a installé des logiciels déclenchant des messages d’alerte et filtrant certains mot clés sur les ordinateurs des hôtels et ceux des cybercafés.
 

La connexion au réseau "international", qui coûte trois fois plus cher, permet d’accéder aux sites d’informations étrangers. Mais si l’on tape "google.fr", on est redirigé vers les pages du journal officiel de Cuba (Granma) ou de l’agence de presse Prensa Latina. Cette version du Web est majoritairement utilisée par les étrangers et les journalistes officiels, dans les hôtels de luxe et les "business centers". Le prix de la connexion varie entre 6 et 12 dollars de l’heure. Les ambassades étrangères permettent parfois à des dissidents d’avoir accès à Internet en mettant des ordinateurs à leur disposition. Mais elles seraient victimes d’interférences satellitaires, qui ralentissent leur connexion.
 

Le gouvernement mise sur la dissuasion pour contrôler les contenus disponibles en ligne. À Cuba, un internaute risque jusqu’à vingt ans de prison pour avoir publié un article "contre-révolutionnaire" sur des sites étrangers et cinq ans de prison pour s’être connecté au Net de manière illégale. Il est également interdit d’acheter du matériel informatique sans autorisation.

 

 

23 journalistes emprisonnés

Guillermo Fariñas, surnommé "El Coco", directeur de l’agence de presse indépendante Cubanacán Press, a entamé, en février 2006, une grève de la faim pour demander que tous les Cubains aient accès à un "Internet libre". Les autorités ont dû l’hospitaliser de force et le mettre sous perfusion pour entraver son action, qui trouvait un écho au sein des médias internationaux.

Les autorités sont très répressives envers les journalistes qui se servent d’Internet de manière "contre-révolutionnaire". Le 13 avril 2007, Oscar Sánchez Madan, correspondant du site Cubanet, a été condamné à quatre ans de prison pour "dangerosité sociale prédélictueuse". Selon cette disposition du code pénal cubain, tout citoyen, même s’il n’a commis aucun délit, est passible d’incarcération au nom de la menace supposée qu’il représenterait pour la société.

 

 

La contestation étudiante

Les internautes savent ce qu’ils risquent. Mais la nouvelle génération d’étudiants, très familière avec le Web et les blogs, contribue à desserrer quelque peu l’étau qui existe autour de la liberté d’expression sur le Web. En janvier 2008, 200 étudiants de la faculté des Sciences Informatiques (UCI) de La Havane ont critiqué la politique intérieure du pays devant Ricardo Alarcon, le président de l’Assemblée nationale cubaine. La BBC en a diffusé un enregistrement, qui a circulé très vite sur le Web, suscitant de vives réactions au sein de la blogosphère. Cependant, très peu de Cubains ont pu voir cet enregistrement car il n’est pas possible de télécharger des vidéos.

http://www.youtube.com/watch?v=38QQyxkrnE4